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mardi 7 avril 2015

J'ai vécu de la violence récemment et je ne pensais pas que ça m'arriverait.

J'ai besoin d'écrire ceci, j'ai besoin d'écrire, souvent. Je m'abstiens pendant de longues périodes, c'est difficile, mais le besoin est là, j’y pense tout le temps, ça fait partie de moi, de mon émancipation personnelle, de mon évolution, de moi qui grandit, en tant que femme. L'écriture est sporadique mais vitale dans ma vie. Depuis que j'habite dans le nord du Québec j'ai été contrainte de le mettre de côté pour ma propre survie mentale. Parfois, écrire est trop difficile, même de simplement lire, parfois la vérité de son propre gouffre intérieur fait trop mal. Il est plus sage de devenir morne. L’isolement est vicieux, l’isolement fait vivre des choses qu'on ne pensait jamais vivre, ou ne plus vivre. C'est ce qui vient de m'arriver. Mon contexte m'a fait vivre et accepter des choses qui dépassent ma création littéraire, qui dépasse la connaissance que j’ai de moi-même. J'aurais rie d'une façon bien grasse si tu m'avais dit ceci avant mon déménagement ; jamais je n'aurais cru pouvoir me rendre là encore, en ayant déjà eu la mauvaise expérience au début de ma vie d’adulte et en ayant déjà fait ces apprentissages à la dure de cette première relation amoureuse pittoresque, romanesque et brutale dans les vieux pays. En ayant la force, la maturité émotive et la confiance que j'ai aujourd'hui à 29 ans. Le recul et toute la connaissance que je peux avoir sur la violence conjugale. Ça ne fait aucun sens mais en même temps ça me ramène sur terre comme un verre d'eau glacé au visage pendant un rêve doux. Personne n’est à l’abri de vivre de la violence même si on croit en connaître les signes. On se croit toutes fortes et en fait on l’est souvent, mais on peut aussi avoir besoin de sombrer pour nous amener autre chose, parfois il suffit d’une seule faille ; avoir le besoin de combler un certain vide dans un moment précis sans même prendre conscience de sa propre perte imminente, sans même avoir conscience de notre prédisposition à vivre ce besoin d'une façon si drastique soit-elle. Je ne pensais pas pouvoir devenir quelqu'un d'autre à ce point. M'effacer, mettre un x sur ma bouche. Devenir muette, mais le pire ; le savoir, me voir aller, réaliser complètement du début à la fin ce qui se passe, mais continuer. Un suicide relationnel. Parce qu’au début de la vingtaine je ne le savais pas ; mais aujourd’hui, oh oui que je le savais que ça ne faisait aucun sens, que je ne méritais pas ça, que j’étais face à un être profondément malade qui allait me vider, m’utiliser, me manipuler, essayer de me détruire pour combler son propre mal de vivre, sa propre agressivité incontrôlée et dangereuse. Je ne suis pas partie comme je sais le faire normalement quand je sens que ce n'est pas pour moi, quand je sens que je dois partir pour me respecter, je ne m’engage même pas du petit orteil dans ce genre de relation.
 
Mais cette fois-ci ; je suis restée.

Je n’arrive honnêtement pas à me l'expliquer. Mon cerveau est devenu de la gelée et je suis sautée dans le drame le cœur grand ouvert.

Chaque personne a son passé, ses forces et ses faiblesses, ses failles d'enfance, ses expériences, mais surtout sa capacité à apprendre, à se former, à faire la paix, à se définir comme individu, à solidifier sa personnalité, ses valeurs et s'y tenir. Devenir mature, ce n'est pas donné à toutes et tous, ça prend du courage, de l'acceptation. Être assez transparente et franche pour me voir tel que je suis, m'assumer dans ce que je suis mais dans ce que j'attends des autres. Je ne crois pas avoir toujours été respectueuse envers mes relations (amicale, amoureuse) mais aujourd'hui, depuis un certain temps en fait, je suis ailleurs, je me sens en symbiose, solide, je fais des choix pas toujours faciles, mais bénéfiques, j'ose la solitude et j'en suis profondément fière, c'est mon pouvoir sur ma propre vie, de vivre la vie que je souhaite et non celle dont la société s'attend de moi comme femme.
Je suis à un point dans ma vie, à un certain tournant, où j'ai confiance en moi de façon réelle et permanente, où je suis bien dans ma peau. Ça n'a pas toujours été le cas, je suis partie de très loin j'imagine, pas tant que ça quand je me compare à d'autres, mais quand même.

J'ai eu deux longues relations dans ma vie de jeune adulte. Une première sournoise, une deuxième douce. J'ai laissé tomber la douce pour vivre mon individualité. Je voulais aller ailleurs, m'épanouir, sortir de ma zone de confort. J'ai appris, j'ai grandis, j'accorde beaucoup plus d'importance aux relations sincères maintenant, j'essaie de ne pas laisser filer ces peu de gens qui tiendront vraiment à moi dans cette société froide et individualiste dans laquelle nous sommes, sans repères d'engagement, toutes et tous un peu perdus. J'ai fait un choix à l'époque qui était inévitable pour moi-même, et puis maintenant je suis prête. La solitude, reste qu'elle n'est pas facile, ni cette peur de s'être parfois trompée et de finir seule pour toujours. Mais la confiance en soi reprend le dessus.

Depuis ; de nombreuses fréquentations, peut-être un peu trop pour les prudes. Rien qui n'est venu me chercher, sauf une fois, qui s'est terminée de façon contextuelle, ainsi peut-être l’amour ; une question de circonstances. Mais surtout, je suis depuis trois ans, lucide. Je ne m'engage pas dans ce qui ne me convient pas, je vis ma vie, je reste un individu à part entière, je ne me perds pas dans cette idée qu'il faut être en couple pour exister. Je crois profondément que les relations qui ont le mérite d'être positives et solides, dans laquelle les deux personnes grandissent, s'appuient, s'admirent, et ne tombent pas dans une relation de rôles inégaux, de petites manipulations, d'insécurité mal placées, de dépendance, sont vraiment très rares. La plupart des couples que je connais ne la vivent pas malheureusement. Peut-être suis-je trop sévère et juge extérieur facile ; mais c'est ce que je crois. Je crois en l'amour, mais je ne veux pas être en couple pour être en couple et cette idée est en moi et se traduit dans mes choix de vie et explique que pendant trois ans aucune relation n'a été au-delà de la fréquentation. Forcer la vie pour la forcer ; forcer un faux amour pour être amoureuse de l'amour ; ce n'est pas pour moi et j'en suis fière.

Et puis me voilà, sur ce médium d'écriture que je n'utilise presque plus, la fille émancipée sexuellement et émotionnellement ; en traumatisme devant mon portable, me sentant obligée d'écrire pour me libérer parce que je ne sais pas comment le faire.

Je viens de vivre cinq mois de violence psychologique et je ne comprends pas.

J'étais en souffrance de mon isolement, en profond questionnement sur ma vie professionnelle, en conséquence de plus d'un an de solitude ; j'étais vidée. Je ne voulais pas “dater”. Je me rappelle très bien m'être dit : si ça se passe mal je ne serai pas capable de le gérer. Et puis je me suis donnée une chance de vivre quelque chose de positif dans cette vie qui n'est véritablement pas la mienne ; je l'ai rencontré. J'ai été jeté à terre par notre complicité versus aucun point en commun. Je suis tombée en amour sur le champ. Rapidement ; la défécation chaude arriva mais il était trop tard, j'étais incapable de le gérer. Incapable de partir au moment où j'aurais dû partir c'est à dire après plus ou moins deux semaines quand je l'ai entendu pour la première fois nommer sa vision préhistorique des rôles de l'homme et de la femme et de me sacrer toute seule dans son salon dès que j'ai répliqué.
Entre ce moment et sept mois plus tard ; un voyage au Mexique au milieu fausse lune de miel, des projets de déménagements et d'engagement qui n'ont jamais eu lieu merci petit Jésus ; me voici qui écrit enfin.

En ce moment j'expérimente un état qui m'était encore inconnu jusqu'à maintenant ; celui de la haine. J'ai eu des déceptions dans ma vie, mais je n'ai jamais haïs de tout l'intérieur de mon corps quelqu'un comme présentement. Je sais qu'un humain peut profiter de la faiblesse de l'autre, parce qu'il ne se respecte pas lui-même. Mais je ne pensais pas vivre ça, je ne voulais plus vivre les conséquences du mal des autres, je me pensais capable de m'en éloignée émotionnellement. Je me déteste parce que j'ai été faible et je le savais depuis le début que j'étais faible, que je ne voyais rien parce que je voulais bien ne rien voir mais que je voyais tout. J’ai une profonde envie de saccager physiquement mon appartement par exemple, de jeter au bout de mes bras ma belle table vintage par la fenêtre (essayer) et détruire quelque chose. Mais ça serait un projet un peu trop ambitieux. Ce n’est même pas contre cet individu que je méprise, je suis suffisamment intelligente pour comprendre réellement ce que je viens d’écrire. Mais sans mettre le doigt sur l’élément précis ; quand j’y pense, la haine, le malaise et le dégoût m’envahissent. J’ai envie de pleurer et de crier des mots mais je ne sais pas lesquels.
J'entends déjà les voix se lever ; tu as été manipulée, tu as été prise en faiblesse parce que tu étais tombée amoureuse.

Oui.

Je suis tombée amoureuse d'un suicidaire, misogyne et menteur et je le savais qu'il était suicidaire, misogyne et menteur mais j'en suis tombée amoureuse quand même alors que dans le passé j'ai jeté pleins de garçons qui le torchaient de loin en terme de qualité et de bonté.

Pourquoi ?

J'entends souvent des gens nier leur dépendance affective, faire comme-ci le célibat leur plaisait. Mais moi ce n'est pas le cas. Je suis réellement bien seule, je préfère vivre ma vie à part entière et ne pas être dans l’ombre d'un autre seulement pour exister de façon plus facile. Je préfère laisser ma porte ouverte à une personne merveilleuse si elle se présente. Je veux croire en l'amour, un jour. C'est bien sûr primordial fleur bleue que je suis. Mais vivre mon individualité me plait, je suis heureuse ainsi, mais je me suis transformée pendant quelques instants en cette femme éprise dans un cercle de violence psychologique et j'ai failli ne pas en ressortir. Je sais que j'ai failli y rester prise et changer pour le pire.

C'est épouvantable.

Ma brillance peut énumérer ici, toutes les fois où j'ai vu ses mensonges, les plus bidons les uns que les autres, des mensonges quotidiens et compulsifs, toutes les fois où je savais qu'il m'était infidèle, du moins virtuellement, toutes les fois où j'ai entendu des commentaires absolument horribles venant de lui versus mes valeurs personnelles. Toutes les fois où je l'ai attendu, où j'ai été jeté sans raison, où j'ai reçu de grandes promesses contradictoires de ses comportements, des mensonges mêlés de manipulation pour diluer la gravité de ses actes, et autre, parce que je pourrais en raconter des pas belles mais ce n'est pas utile dans mon cheminement d'étaler le malsain plus qu'il ne le faut. C’était laid, c'était évident, ça faisait mal, souvent. Je vivais dans l'attente, l'insécurité, la précarité, le rabaissement subtile de ma personne, comme si la vie avait basculée, comme-ci tout dépendait de lui cet inconnu qui sautait du coq à l'âne et qui se contredisait comme je n'aurais jamais cru pouvoir le concevoir tel un bipolaire de l'amour. Mais je l'aimais quand même.

Je suis fragilisée et je sais que si ce texte tombe entre ces mains, il sera fâché et il  discréditera mes propos. Un classique de la parole de la femme folle non crédible versus l'homme dominant qui attire le respect d'emblée. Cet homme que j'ai vu frapper dans le mur à plusieurs reprises dans des moments qui auraient dus susciter des émotions normales ; ne sachant pas comment les vivre. Cet homme qui, je sais, s’est senti menacé et désemparé par ma sexualité assumée, par mes valeurs féministes, pars ma capacité à lui nommer ce qui ne faisait pas de sens au lieu de l'attaquer et grimper avec lui. Je peux au moins conserver ceci ; j'ai été celle que je suis quand j'aime ; dans l'empathie, la compréhension, la tentative de communication. Mais aussi dans le déni d'une partie primordiale de moi-même ; revers douloureux et sans souffle. Comment l’humain peut, à ce point, faire vivre du mal autour de lui. Comment l’humain peut à ce point vivre une vie négative, de mensonge, d’abord envers soi-même. C’est d’une tristesse sans nom. J'ai choisi la facilité de ne plus me connaître et de me laisser entraîner dans son gouffre. Au lieu d'être un renforcement positif au mien, de me faire découvrir une vie dont je ne veux pas mais qui aurait pu être un baume ; j'ai doublement sombré, pour mieux me relever. Je suis comme ça au moins, si je vais mal, donne-moi plus d'obstacles et tu vas me voir me réveiller ; merci petite tannante en robe les genoux pleins de bleus à jouer dehors que je suis encore dans mon cœur.

Je commence simplement à avoir atteint ma limite.

Ce qui me fait mal, c'est de ne jamais avoir repris ma place. Mon silence est certainement le plus efficace face à un être violent, car de me défouler serait de la matière gratuite pouvant être retournée contre moi et ça n'en vaut juste pas la peine. Mais une partie de moi a besoin de me prouver à lui, un autre cliché réel. De savoir que quelqu'un m'a manqué de respect à ce point et que je l'ai laissé faire en continuant d'offrir mon amour et mon empathie ; ça me dégoûte, me répugne, me tue. Je n'ai pas honte d'avoir été faible mais je vis un sentiment que je n'arrive pas à nommer. Ça m'a atteint. Ça me fait paniquer de ne pas pouvoir saisir ce dommage que ça m'a fait. Ça me rend agressive dans mon ventre.

Je pense à toutes ces jeunes filles qu’il manipule sur Internet et j’en ai mal au dos. Je pense au fait que Tinder et une amie du plateau ont croisé par hasard son chemin et ses écrits n’étaient que mensonges. D’y assister, c’était effroyable. Les gens n’apprennent pas tous de leur vécut, les gens continuent leur spirales d’autodestruction et on ne peut rien y faire, sauf partir.
Je ne peux rien y faire.

Je ne crois pas qu'on se remet de ce genre de relation ; je comprends maintenant que c'est isolé, comment ne plus y être prédisposée et ça commence par faire des choix pour me sortir de l'isolement. Il y a des limites à être une superwoman.

Je n'ai pas envie de mourir mais je me demande sincèrement pourquoi est-ce que j'essaie d'aider mon prochain, pourquoi est-ce que je crois plus en les autres qu'eux-mêmes ne le font. Je me demande pourquoi je vis. Après tout ceci je continue au fond de moi d’avoir un sentiment d’empathie/pitié maintenant, pour lui derrière ma haine et je ne me demande pas pourquoi.

Il est mieux de vivre dans l’acceptation de l’autre et de ses limites plutôt que dans la haine et ce processus, il sera long. Accepter que l’autre ne se prenne pas en main, qu’il continuera de se gâcher et de gâcher les autres qui l’entourent. Que le bourreau est aussi sa propre victime et que la société en est aussi responsable. J’aurais envie d’acheter un camion qui le suivra dans toutes ces allées et venues pour le reste de sa vie avec un signal lumineux de prévention pour les femmes ; Tenez-vous en loin ! Il est attachant cet être mystérieux et drôle, mais il va vous faire du mal. Derrière le mystère il n’y a rien, c’est le vide suicidaire. Vous ne réussirez pas à le sauver car il ne souhaite pas se sauver lui-même. Les femmes ne sont pas sur la terre pour sauver les hommes, ce mythe de l’homme perdu et sauvage et la femme aimante qui va le sauver ; ce n’est pas romantique, c’est dangereux, c’est patriarcal. (Pleins de lumières de couleurs qui flashs avec un bruit assourdissant et insupportable et une odeur de pourri en prime ; activons trois sens d’un coup). Mais ça serait un projet trop ambitieux.
La chose sur laquelle j'ai du pouvoir en ce qui concerne cette horreur de relation c'est de le dire, d’en parler, de la mettre sur un piédestal comme tentative de rédemption ; j'ai été fragile et humaine et j'y ai cru parce que j'avais besoin d'y croire à ce moment précis et ça m’est arrivé même si je me considère être une femme forte et indépendante.

Mais surtout, je vais reprendre mes écrits plus hauts ; ce n’est pas un signe de faiblesse.
Je le sais, mes amies le savent, le savaient, elles sont soulagées, moi aussi, et c'est correct, correct dans le sens, ma vie va continuer et je reste celle que je suis même si la blessure sera là, mais c’est loin d’être correct pour les relations hommes-femmes, pour le bien-être collectif, pour la dignité, pour l’égalité. Loin d’être correct pour l’éducation, surtout en région éloignée. Loin d’être correct / c’est vraiment inquiétant, parce que mon histoire elle, elle n’est pas isolée, elle est très commune, et elle est pire, dévastatrice et pénible pour de nombreuses femmes et enfants.






J'aurais pu aussi tomber sur une belle histoire et ça, ça n'aurait pas fait de tort à mon cœur isolé.

dimanche 25 août 2013

http://www.tumblr.com/blog/lesoleilsurlabouche

Poème d'avril

L’attente est lourde.
L’écriture, gênée.
Le coeur, ô ce coeur.
Pas très intact, qu’il ne se porte.
Candidement, il s’emballe pour l’autrui.
L’autrui, il s’emballe par vous tous.

Frissons d'été

Elle s’asseoit dans un parc, sur une place de festivités.

Elle observe les enfants jouer, les yeux pleins d’eau derrière ses lunettes Chloé.

Le livre sorti, comme à chaque fois, reste intact, le signet entre les deux mêmes pages blanches, sur ses petites cuisses placées bien droites, comme une écolière polie.

Le béant dans le ventre.

À sa gauche une famille.

À sa droite une autre famille.

Toutes deux inconnues d’elle.

La sienne n’existe pas.

Il n’y en a pas.

Un frisson part de son ventre, ensuite de son visage.

Ils tremblent.

Se propagent.

Les frissons du vide et de la solitude.

Les frissons d’une lassitude spectatrice à cette simplicité qui lui semble impossible à avoir alors que d’autres moins bien qu’elle, lui semble t’elle humblement, pourtant l’ont.

Et le temps continue d’avancer dans cette journée ensoleillée, pendant qu’elle y flotte, immobile, presque invisible.

vendredi 4 mai 2012

Haïku

Haïku :  Petit poème extrêmement bref visant à dire l'évanescence des choses.


Apprenant son nom 
De nouveau je regarde
La fleur sauvage 

À l'ombre des fleurs 

Même un parfait inconnu
Soudain ne l'est plus 

Elles fleurissent dès lors 
On les regarde dès lors 
Dès lors que les fleurs périssent

Ne te détourne pas 
Moi aussi je suis seule 
Crépuscule d'automne 

Rend moi mes rêves 
Corbeau que réveille 
La lune de brume 

Réveille-toi, réveille-toi
Et sois mon compagnon
Papillon qui dort


Masaoka Shiki l'émeut. Ces haikus lui font spécialement penser à toi. Arrivés par hasard, elle les a ciblé rapidement et par instinct. Un par un, ici, là et là. Rassemblés, ils sont maintenant siens. Ils sont toi. Le romantisme dans les veines. Des délires de romantisme et elle, elle et ces délires. Au plus profond de sa sensibilité, l'incompréhension. Perturbation, accablement, tristesse, elle possède ces qualificatifs et est d'une lourdeur sans fin dès que ses petits yeux voient ce matériel, cette preuve de ton existence pure salie par la ville attendre patiemment. Il est là et il l'a lorgne. Il fait front à sa maturité et à sa stabilité pourtant ancrées.  

Et alors le naturel qui part au galop pour faire place à cette anxiété censurée. Accablement de sa propre réaction nonchalante et hypocrite. Elle se blesse elle même. Une femme digne d'être aimée tassée et traitée au plus simple. Elle n'est pas fidèle à sa spécialité, à sa parole différente du lot de tignasse, et pourtant. Peut-elle vraiment faire autrement ? Se censurer, quel horrible mot. Mais il lui inspire cet horrible mot maintenant. Le sourire est horrifié, le sourire a peur de lui, du non, du ridicule, de devenir tâche. Elle a peur d'être elle car il se trouve qu'elle est fragile cette blonde. Peur de nommer les émotions brutes sans réceptivité. Peur de se perdre et de perdre. Vivre le moment jusqu'au bout signifie devoir un jour, le laisser aller aussi. Ça cloche fort, le fil a été coupé alors qu'il n'aurait pas dû en être ainsi, elle le sait bien. Mais ça double cloche car l'électricité, la tremblotte, les secondes précieuses, les paroles d’entre chocs de petit cœur qui bat fort, elles sont encore là. Double impuissance que tu as choisis. Triple impuissance de sentir ton âme ne pas suivre ta jadis parole. T'es pas constant et ça te rend égoïste et fucking à côté de la track et ça, ça l'empêche de retrouver la sienne.

Elle est figée.
Elle n'aborde pas les gens de cette façon dans la vie.
Elle n'aborde simplement pas les gens.
Cet intérêt n'est pas rien.
Il est maintenant trop gros pour rien.

La candeur a été perçue telle une petite naïve mais en une femme, elle est pourtant fraîcheur et unicité. Ce moment lui a permis de s'envoler quelques instants, tel qu'elle le désire, hélas créant en elle un gouffre jamais vécu jusqu'à ce jour. À un brin d'herbe vert de le vivre, l'extase, et maintenant, maintenant, rien.

Or, elle sait. Elle a vu, elle a senti, elle a touché un tout petit peu. Tes joues, un peu. Tes yeux de petit garçon et tes paroles de trippes d'homme qui se sent bien et qui parle enfin. Elle a touché ta douceur. Et la douleur n'est pas douceur, elle est insupportable. Des confidences enlevées, un cadeau empoisonné.

Être, il se peut bien, incapable d'amour.
Mais elle ne croit pas à ta mascarade.
Tes réactions spontanées te trahissent.
Il se peut bien qu'elle ne sache rien.
Elle a un crush de vie sur toi.
Sache le donc petit criss.

Ça serait magnifique.

jeudi 29 mars 2012

Plants and Animals, c'est anglophone, québécois et c'est beau.

L'anglais et le français cohabitent mal au Québec.

Petite campagnarde que je suis, j'ai appris à parler en français et j'aime le français. Je m'identifie au français et à la beauté de ces mots, ils m'inspirent et sont ma raison de vivre.

Mais il y a nuance à faire entre protéger sa langue et sa culture et faire de la discrimination. Pour moi, la quête d'indépendance du Québec était reliée à la protection de la langue française, il n'y a même jamais eu questionnement de ce fait, jamais une remise en question d'une possible dissociation dans ma tête de campagnarde. Mais depuis peu, le contexte politique de notre province à la dérive m'a amené à me questionner, pour la première fois, sur le fondement de cette idéologie de l'idole imbattable qu'a été et sera toujours René Lévesque et je me dis, qu'aujourd'hui, les temps ont bien changés. C'est maintenant, et probablement que ça l'était aussi à l'époque, une erreur de penser ainsi. L'être humain est ainsi, il ne se pose pas de question, les québécois n'y dérogent pas, tous les humains le font, les humains défendent des prêts-à-penser de collectivité sans même y réfléchir par soi même et y apporter une contribution personnelle et individuelle, sans même le posséder et en faire son propre argument.

Beaucoup d'anglophones du Québec se sentent reliés à la culture gauchiste du Québec et non à celle de droite du Canada, mais nous les tassons de la main malgré tout en les mettant dans le bateau du Canada Anglais, et c'est d'une tristesse car c'est faux. Cette présentation de la gauche/droite est elle même simpliste et grossière et contradictoirement, elle me permet d'exprimer ma pensée que la bassesse de l'humain de généraliser sans se poser de questions nous amènera toujours à une perte et à un échec, peu importe le domaine, car c'est analyser un problème qu'en surface de penser ainsi, et ça nous donne donc des solutions de surface, qui ne fonctionneront jamais qu'en petite partie. Notre désir et besoin fondamental d'indépendance ne sera pas assouvi si nous ne mettons pas de côté cette barrière de la langue. L'anglais fait aussi parti de notre culture, et sans vouloir diminuer ou cesser de faire passer le français en premier, il est possible de cohabiter et de se mobiliser ensemble, dans une vision intelligente et supérieure. Ce n'est pas être faible de respecter tous et chacun dans son histoire et dans son bagage culturel tout en continuant de défendre sa propre langue, mais c'est sensé et juste.

Depuis peu, je m'ouvre à cette culture du démon qu'est l'anglais. Par le fait d'être Montréalaise, jeune adulte, mieux instruite, je ne saurai dire, mais ça met de la joie dans ma culture. 

Je me délecte du feeling de l'ouest de ma ville, je m'extasie du Mile-End et ces trésors insoupçonnés. Je suis en amour avec ma ville. Ces vieilles fringues me font sentir vintage, je fais partie d'un portrait poussiéreux de haut de grenier.

Plants and Animals, au Cabaret du Mile-End, vous m'avez fait vivre l'orgasme, j'ai vécu un moment arrêté dans le temps, comme je les aime. La lourdeur de ma crise existentielle de fille perdue de 26 ans, cette little blond girl qui a une nouvelle trouille et qui perd confiance en l'autre, fait que je m'extasie beaucoup moins. Mon cœur de petite fille émerveillée que je me suis promis de ne jamais perdre, parfois, se perd oui.

Mais ce soir là, je t'ai retrouvé cœur de petite fille, avec une satisfaction ineffable.

Mettre des mots sur un amour de musique, c'est décrire l'indescriptible. C'est une simple combinaison de feeling. Le son, le groove, les paroles, le style, les gens, le sentiment d'appartenance, la musique. Les gens étaient beaux, la musique était belle, c'était sexy.

Vif sentiment de spécialité, d'irrégularité, d'envoutement, de moment supérieur éclectique où tout est sourire et positivisme. Mes envies sans retenue. Mes croyances croyant encore à l'assouvissement. Mon corps pouvant encore se trémousser. Des yeux qui ne se détournaient plus. Une bouche en coin agrémentée de sourires d'épaule de fillette coquette. Deux regards subtiles, pas subtile. Une tête qui se laisse aller à rien d'autre que le plaisir sexy du moment. Une ambiance de magie et d'amour de musique de tous les humains sur la planète, tout est beau et tout le monde s'aiment. Rien de moins.

Mes oreilles souriaient.

J'aime mon Montréal anglophone.

mardi 20 mars 2012

Censure.

Les sourires en coin et les joues rougies ont été censurés. J'en suis désolée.
Mais vous savez, il faut ce qu'il faut. Il faut bien conserver un minimum de dignité dans ce monde de fous, car sait-on jamais, c'était tout de même fleur bleue et unique.

C'est ce que je me dis.
Sait-on jamais.

Peut-être que la vie me fera renouer avec les sourires en coin et les joues rougies, un de ces quatre.

Là, ils sont lourds et tristes. Ils se cachent. Ils tentent d'épargner la fragilité de cette naïveté qui pousse et qui se pousse. Ne pars pas petite ficelle.

mercredi 25 janvier 2012

Et cette écriture qui sauve la vie.

26 Décembre 2011

Le goût du suicide.

La mort dans les pensées, pas le geste mais le concept de la mort, le fataliste, l’envie de ne plus être, l’envie d’abandonner, de ne plus avoir à souffrir, de ne plus avoir à faire face à ces élans de vérité qui font si mal, ne plus avoir à faire semblant en sachant que tu fais semblant, le désir de ne plus exister sans pour autant souhaiter se faire mal physiquement, le sentiment agressif d’impuissance.

Les larmes.

Les désirs refoulés.

Le mal de vivre.

Le sentiment de défaite, pas de malédiction mais de résignation, d’accepter plutôt que de lutter car l’énergie pour lutter n’existe plus.

Pour la première fois de sa vie elle n'est plus certaine de ses pensées, ses convictions, ses arguments. Elle  doute. Peut-être qu'elle a toujours eu tout faux, qu'elle s'est leurrée concernant le fondement de cette vie humaine. Qu'elle est complètement à côté, qu’au fond, elle ne sais pas c’est quoi l’amour véritable, qu'elle est  noire, qu'elle analyse mal, qu'elle s’imagine des choses, qu'elle accorde de l’importance à des futilités, qu'elle  juxtapose des désirs sur ce qui se déroule réellement, qu'elle sombre dans la folie.

Que la folie est en elle par cette chère blanche maigre de cinq pieds.

Isabelle/Nelly nous jette à terre « Ça n’a pas toujours été comme ça. Je n’ai pas toujours pensé comme ça. Vouloir mourir, ce n’est pas naturel tout de suite, ce n’est pas donné tout de suite à la naissance. Vouloir mourir dépend de la vie qu’on a menée. C’est une chose qui se développe et qui arrive quand on est mangé par son propre reflet dans le miroir. Se suicider, c’est refuser de se cannibaliser davantage. »

Elle se rend compte que les gens ne sont pas naturels et sincères non par mauvaise foi ou par superficialité mais parce qu’ils ne savent pas comment. Ils sont conditionnés à faire taire la sincérité et jouer les règles dites traditionnelles de la bonne conduite et de la politesse qui tasse de la main les véritables pensées et émotions au point qu’elles ne sont plus.

L’alcool et sa disparition d’inhibition lui donne cette idée saugrenue, cette idée démoniaque de faire comme ci le geste suivra cette fois ci. Et d’écrire, d’écrire comme ci c’était la dernière fois. Dire ce qu'elle a réellement au fond d'elle, sans arrières pensés, sans filtre, sans appréhender les répercussions à tous ceux donc il s'avère nécessaire, en se disant que ces écrits seront les plus vrais et les plus sincères qu'elle n'aura jamais jeté sur papier, qu'ils seront juste vrais, juste là, accessibles et purs.

dimanche 22 janvier 2012

Sourire en coin et joues rougies

Quand elle te voit elle se dit que ça y est, elle va fondre, elle va se liquéfier, elle va cesser de respirer, son cœur va cesser de battre et elle va mourir là, devant tes pieds.

Tu es beau, tu l'émerveilles. Tu l'as gènes. Les sourires en coin, les joues rougies, les yeux brillants et les monosyllabes prennent possession d'elle quand tu ouvres ces lourdes portes vertes ou quand elle entrevoie ta descente de l'escalier de Titanic et traverser seul ce grand hall ou tu y parais si petit et encore plus mignon. Elle connait tes allées et venues, elle les attend sans vraiment les attendre, elle les savoure, de loin. Ça lui fait plaisir, ça lui donne une petite joie, ça met un baume sur sa peur de ne plus y croire, à l'amour.

Tu sembles si calme, solitaire, posé, tranquille, qui prend le temps de bien faire les choses et de profiter des petites joies de la vie. Tu sors d'une autre époque.

Sans se parler directement, tu sais petit à petit qui elle est, elle sait petit à petit qui tu es. Vous vous apprivoisez dans le non-dit et elle est sans mot. Tu l'émerveilles, l'intimides, l'as fait rêver. Elle te veut juste pour elle, elle veut découvrir les profondeur de ton cœur et de ton âme, elle veut être avec toi, se perdre dans tes rires et dans la vie en général. Elle veut vivre sa vie en général et en beauté avec toi.

C'est totalement dingue, hors proportion et insensé et en même temps si évident et simple.
Car quand tu es devant elle, yeux dans les yeux, toute cette folie prend son sens.

Tu sais qu'elle t'a dans la peau et elle sait que cette tension pure et saisissante n'est pas à sens unique. Elle le sent au plus profond de sa fragilité. Elle ressent la spontanéité de vouloir prendre soin de toi.

Elle est dingue et elle se dit que là, maintenant, elle veut te croiser dans un lieu sombre et envoutant. Tu es assis au bar et par hasard elle n'est pas très loin avec ses amies, vous ne vous êtes pas aperçus encore. Elle s'approche du bar d'un air nonchalant et d'une confiance sexy en femme qui a son style et qui saisi très bien son pouvoir d'attraction. Elle est alors debout à côté de toi et vous vous tournez au même moment l'un vers l'autre.

Plus rien n'existe sauf ce destin et tes magnifiques yeux bleus.

Ce destin a décidé que le fil invisible de votre attirance des derniers mois prend ici ce soir, tout son sens. Il n'y a plus la barrière vous séparant ni les regards de ces spectatrices quotidiennes.

Juste toi et elle, ici, où nul ne ne vous connait, où tout est permis.

Elle te sourit et ses yeux se perdent dans les tiens, tu lui souris et tes yeux se perdent dans les siens. Vous vous comprenez et ces sourires sont tout ce que le moment demande. Les paroles n'ont aucune importance, tu le sais qu'elle t'a dans la peau. Elle le sait que tu ne vois plus rien qu'elle dans cette salle. Vous le savez tous les deux que ce moment est l'aboutissement de mois de coquetterie et que la grandiosité de votre histoire pourra enfin exploser.

Elle te voit depuis longtemps comme l'élu prochain de son cœur et elle ne le cacherai pas ce soir. Elle a déjà confiance en toi, tu es spécial et extraordinaire. Tout ce qu'elle veut c'est glisser ses lèvres sur les tiennes, toucher tes doigts, tes cheveux, embrasser ton cou, te donner les frissons et sentir ta peau. Elle doit sentir si bonne et être si douce. Elle a envie de te serrer contre elle et d'enfin conclure que toi et elle, ça sera unique. Que ce moment restera figé dans le temps et qu'ensuite, vous vous regarderez complètement déboussolés et profondément bien. Que ce soir là, elle ne retournera pas vers ses amies avec son fade cocktail, prête à jouer le jeu de la séduction médiocre pour ensuite rentrer à la maison seule et déroutée de sa génération.
Non.

Ce soir elle quitte ce bar avec toi. Vous allez passer une nuit blanche à vous découvrir dans l'unicité de cette rencontre imprévue et ce ne sera que le début. L'amour existe encore dans ce monde de fou et vous vous serez trouvé, simplement, naturellement, sans parole, ni séduction, Par la pur intuition que tu as été mis sur son chemin. Que ça aurait été complètement impensable qu'il en soit autrement.


Mais en réalité demain tu descendras ces escaliers et elle ne t'aurai pas croisée dans un lieu sombre et envoutant. Peut-être serait-ce même la dernière fois qu'elle te verra sortir par ces grandes portes lourdes.
Et son cœur en sera si meurtrie que juste à cette pensée elle se pétrifie.


Elle t'a rencontré par le plus grand des hasards d'une façon dont elle n'aurait jamais soupçonnée.

mercredi 9 novembre 2011

Vide blanc

Vide devant page blanche, blanche devant ce futur incertain.

L'amour est une bombe. Certains choisissent l'héroïne, d'autres l'amour.
Certains choisissent le confort, d'autre la volatilité incertaine.
Joues rougies et petites mains moites qui frémissent. Elle est oppressée mais libre, apeurée mais libre.
L'autre, celui plus loin, proche et si loin. Il est opressé mais engagé, apeuré mais engagé.
Qui est à plaindre ?
Petit bonheur ou quête du bonheur absolu ?
Personne à plaindre, personne à envier. Seulement la peur.
Existe t-il ? A t-elle tout imaginer ?
Aime t-elle tout saboter pour pouvoir rêver mieux ?
Finira t-elle dans un gouffre, finira t-elle victime de ses grandes idées romanesques et absolues ?

Rien ne sert à se résigner. Rien ne sert à s'accommoder d'une tiers personne simpliste et fade. Il l'a fait car ils le font tous. Il l'a fait car le temps a fait son œuvre. Maitre de cette idéologie absolu, il s'est résigner à la voie facile, par temps écoulé, pour cesser de s'en faire. 
Elle l'a vu, dans ses yeux, au travers sa peau, dans son cœur. Le malheur de cette vie choisi par défaut. Le regret caché pour elle.

Elle l'a vu qu'il ne fera jamais rien.

Elle les a vu, devant ses yeux, encore, ces dites obsessions pas si lointaines, elle les a vu ressortir, pour s'accrocher, pour s'évader, pour se donner des raisons. Et elle les a vu disparaitre.
Ne plus avoir de raisons palpables auxquelles s'accrocher pour quitter en douceur.
Quitter pour quitter, seule.

La vie lui a dit, c'est fini petite fille, il n'y sera jamais, dans ton petit nuage.
La vie lui a dit, tu sais pourquoi ?
Cette façon, ce n'est pas ça. Cesse d'y regarder, ce n'est pas là. Ça n'y sera jamais car ça aurait dû déjà y être et ça sera plus.
Ce n'est pas maintenant, ce n'est pas ici non plus.
Sois patiente.
Part quand même.
Elle te remercie, vie.

Cet aperçu de cette vie manquée était son dernier vide blanc.